Textes / Texts
Dans leurs mains, sous nos yeux, 2023, KOMMET Lieu d’Art Contemporain
Pour cette nouvelle exposition, KOMMET a le plaisir de s’associer au programme de résidences nomades an• other here. Dans leurs mains, sous nos yeux est la reproduction lacunaire du paysage de Montbrun-les-Bains. Par la sculpture, l’installation ou encore la photographie, Dounia Chemsseddoha et Lisa Hoffmann dévoilent dans le centre d’art les résultats de leurs recherches générées sur ce territoire et retranscrivent ici les contours visibles et invisibles de cet environnement bucolique.
Depuis l’Antiquité, le village de Montbrun-les-Bains est reconnu pour son eau sulfurée. Utilisée pour les cures thermales, cette eau soulage les rhumatismes et traite les affections respiratoires. Dounia Chemsseddoha explore en partie cette facette du territoire en évoquant l’eau, ressource rare et précieuse. À KOMMET, elle fictionne un monde parallèle et convie les spectateurs à une spéléo dans la caverne souterraine de ce village. Des réceptacles accueillant des eaux florales potentiellement curatives sont disséminés dans cette « grotte ». Ainsi, les visiteurs sont invités dans une pérégrination où il est possible d’éveiller ses sens. La litanie des collines diffuse des réminiscences enregistrées pendant la résidence. On découvre alors toute la richesse ancestrale des plantes médicinales et l’on s’initie à toutes leurs vertus, par moments ésotériques.
Lisa Hoffmann, quant à elle, regarde, observe et examine pour déceler une toute autre réalité, bien souvent dissimulée. Elle sème dans l’espace d’exposition les indices d’une traversée, celle d’une heureuse rencontre avec le territoire de Montbrun-les-Bains. Après avoir effectué un travail de collecte oral et visuel, elle imite ici certaines traces et expériences de ce que le paysage et les habitant.e.s, humains, animaux et végétaux, ont su lui raconter. Lisa Hoffmann se questionne sur la perception et la représentation objective de ce paysage en mutation. Finalement, comment le contempler tout en faisant acte de préservation ? À KOMMET, la nature impalpable se retrouve enserrée entre des plaques de verre. Bien que mise à distance, elle est sujette à l’analyse d’échantillons au microscope par les visiteurs-scientifiques. Des mains fantomatiques, accompagnées de différents jeux optiques, dirigent les regards des visiteurs et impulsent différents points de vue sur l’exposition depuis l’intérieur, mais également depuis l’extérieur du centre d’art.
À elles-deux, les artistes prélèvent et sélectionnent des fragments du paysage drômois qui viennent s’hybrider et contaminer l’environnement urbain. Après l’exploration et cette intense période de fouille à Montbrun-les-Bains, Dounia Chemsseddoha et Lisa Hoffmann entremêlent à KOMMET fabulations et souvenirs reconstruits. L’espace d’exposition devient le lieu d’accueil de deux récits voués à être arpentés et partagés.
For
this new exhibition, KOMMET had the pleasure to partner with the an•
other here nomadic residency program. Dans
leurs mains, sous nos yeuxis the fragmentary reproduction of the landscape of
Montbrun-les-Bains. Through sculpture, installation or photography,
Dounia Chemsseddoha and Lisa Hoffmann reveal the results of their
research generated on this territory and transcribe the visible and
invisible contours of this bucolic environment in the art centre.
Since
Antiquity, the village of Montbrun-les-Bains has been known for its
sulphurous water. Used for spa treatments, this water relieves
rheumatism and treats respiratory ailments. Dounia Chemsseddoha
partly explores this facet of the territory by evoking water, a rare
and precious resource. At KOMMET, she fictionalises a parallel world
and invites the spectators to an exploration of the underground
cavern of this village. Receptacles for potentially curative floral
waters are scattered throughout this “cave”. Thus, visitors are
invited on a journey where it is possible to awaken their senses. The
litany of the hills broadcasts reminiscences recorded during the
residency. We then discover the ancestral richness of medicinal
plants and learn about their virtues, at times esoteric.
Meanwhile
Lisa Hoffmann looks, observes and examines to detect a completely
different reality, often concealed. In the exhibition space she sows
the clues of a crossing, that of a happy encounter with the territory
of Montbrun-les-Bains. After having carried out oral and visual
collection work, she imitates certain traces and experiences of what
the landscape and the inhabitants, humans, animals, plants and
minerals, have been able to tell her. Lisa Hoffmann questions the
perception and objective representation of this changing landscape.
Ultimately, how to contemplate it while acting on its preservation?
At KOMMET, the impalpable nature finds itself enclosed between sheets
of glass. Although kept at a distance, it is subject to the analysis
of samples under the microscope by visiting scientists. Ghostly
hands, accompanied by different optical games, direct the gaze of
visitors and stimulate different points of view on the exhibition
from the inside, but also from outside the art centre.
Between
the two of them, the artists take and select fragments of the Drôme
landscape which come to hybridise and contaminate the urban
environment. After the exploration and this intense period of
excavation at Montbrun-les-Bains, Dounia Chemsseddoha and Lisa
Hoffmann intertwine fabrications and reconstructed memories at
KOMMET. The exhibition space becomes the venue for two stories
destined to be surveyed and shared.
Émilie d’Ornano
an• other here residency, Édition II, 2022, Montbrun-les-Bains
Le programme de résidences nomades an• other here soutient la recherche et la création des practien.nes de l’art invité.es. Il agit comme intercesseur de narrations créatives tout en prenant soin de générer des synergies avec le territoire investi.
Pour sa deuxième édition, la résidence s’est nichée sur le flanc d’une montagne calcaire, aux abords du village Montbrun-les-Bains. Durant l’automne 2022 les artistes sélectionnées Dounia Chemsseddoha et Lisa Hoffmann ont glané les arcanes du territoire à partir de la maison familiale Tulicasi. A la fois espace de vie, de recherche, de production et d’accueil du public, ce repère a constitué une plateforme de rencontres rhizomatiques. Il a permis l’exploration d’un environnement habité de figures dissidentes et de pratiques intimement liées à cet espace circondé d’une charpente naturelle. La marche, le pastoralisme, la céramique, la géologie, la paysannerie herboriste, l’olfactothérapie ou encore la cueillette sauvage ont constitué des fils rouges au sein de chaque processus artistique.
L’éloignement de la frénésie urbaine a donné aux artistes une appréhension plus précise, plus lente, plus fragmentée, du contexte naturel, faisant surgir le fragile et l’intangible du paysage environnant. Une pensée s’est façonnée alors, non pas en face ou avec mais dans celui-ci.
La double notion absence-présence a été convoquée dans le processus de création des deux artistes, manifestant que ce qui ne peut être vu n’est pour autant inexistant ou immatériel.
À juste titre Dounia Chemsseddoha use de l’entrevision - clé de voûte dans son travail - résultat d’un processus permettant de faire alliance avec l’invisible. Elle consolide cette approche avec le matériau de la céramique, lequel progressera tout au long de sa résidence au contact d’une artisane céramiste de Montbrun-les-Bains. Des pièces hybrides au potentiel de soin ont émergé, vases de corps et réceptacles à corolles pouvant recueillir des élixirs curatifs.
Tandis que Lisa Hoffmann a concentré sa recherche sur la dimension de la marche, la trace humaine, animale, végétale et leur mémoire. Et ses indices, évocateurs d’une réalité cachée. L’écriture et la photographie ont été deux outils utilisés avec brio pour ouvrir une réflexion riche sur notre rapport au paysage, et même incisive pour détourner l’anéantissement de l’esprit du regardeur. Interpeller, déstructurer, finalement sensibiliser.
L’exposition Dans leurs mains, sous nos yeux délivre les projets réalisés durant la résidence ainsi que de nouvelles pièces restituant l’immersion des deux artistes sur le territoire de la Drôme-Provençale. Cette deuxième édition an• other here a été accompagnée avec ferveur par la communauté du village de Montbrun-les-Bains, et a donné lieu à des événements organisés en collaboration étroite avec le collectif des travailleur.euses de l’art Polynome.
The
nomadic residency program an• other here supports invited art
practioners’ research and creation. It acts as an intercessor of
creative narratives while taking care to generate synergies with the
invested territory.
For
its second edition, the residency nestled onto the side of a
limestone mountain, near the village of Montbrun-les-Bains. During
the Autumn of 2022, the selected artists Dounia Chemsseddoha and Lisa
Hoffmann gleaned the mysteries of the territory from the Tulicasi
family home. Simultaneously a space for living, researching,
producing and welcoming the public, this landmark has constituted a
platform for branching encounters. It allowed the exploration of an
environment inhabited by dissident figures and practices intimately
linked to this space surrounded by a natural framework. Walking,
pastoralism, ceramics, geology, herbalist farming, olfactotherapy or
even foraging have been the common themes within each artistic
process.
The
distance from urban frenzy has given the artists a more precise,
slower, fragmented apprehension of the natural context, bringing out
the fragile and intangible of the surrounding landscape. An idea was
then shaped, not opposite or alongside, but within.
The
dual notion of absence-presence was summoned in the creative process
of the two artists, demonstrating that what cannot be seen is not
necessarily non-existent or immaterial.
Justifiably Dounia
Chemsseddoha uses intervision - a keystone in her work - the result
of a process allowing to form an alliance with the invisible. She
strengthened this approach through ceramics, which matured throughout
her residency coming into contact with an artisan ceramist from
Montbrun-les-Bains. Hybrid pieces with healing potential emerged,
bodily vases and corolla receptacles that could hold healing elixirs.
Meanwhile Lisa Hoffmann focused her research on the dimension of
walking, the prints of humans, animals and plants along with
their memory. And its clues, evocative of a hidden reality. Writing
and photography were two tools used brightly to open up a rich
reflection on our relationship with the landscape, and even incisive
to divert the annihilation of the viewer's mind. Challenge,
deconstruct, after all raise awareness.
The
exhibition Dans
leurs mains, sous nos yeux conveys
the projects carried out during the residency as well as new pieces
rendering the two artists’ immersion in the Drôme Provençale
area. This second edition of an• other here was enthusiastically
supported by the village community of Montbrun-les-Bains, and made
way for events organised in close collaboration with the art
collective Polynome.
Livia Tarsia In Curia
La couleur des souvenirs
Madeleine Filippi dans son livre FRAGMENT.S. Cnetre d’art Caza d’Oro, éditions Naïma. 2022
La couleur des souvenirs
Et s’il était possible de trouver
l’essence d’un souvenir ? D’en saisir la trace parfaite ?
Comment l’imagineriez-vous ?
The colour of recollection
Madeleine Filippi dans son livre FRAGMENT.S. Cnetre d’art Caza d’Oro, éditions Naïma. 2022